J’ai 30 ans. Je pensais que le burnout était une simple dépression. J'avais tout faux.
En janvier 2022, je l'ai découvert à mes dépends. Nous sommes en juillet, et ça fait quelques semaines que je suis guéri.
Je souhaitais vous partager mon expérience.
Nouvelle vie professionnelle
Je suis papa depuis avril 2020. J’étais coach
sportif et toutes mes soirées / week-end se passaient dans les dojo. Pas le
meilleur emploi du temps pour profiter de sa famille vous en conviendrez.
J’ai effectué une reconversion professionnelle dans l’informatique. Pourquoi ? C'était déjà une matière qui me passionnait adolescent. Je n'ai jamais pris le temps de m'y mettre sérieusement. Je n'ai pas de compétence dans ce domaine.
En septembre 2021, je commence une alternance en développeur Web et Web Mobile.
Parallèlement, ma femme réalisait aussi une reconversion professionnelle. Elle terminait tard et révisait pour son examen qui avait lieu en décembre 2021.
De septembre à décembre, mes journées commençaient à 7h pour emmener ma fille à la crèche.
J'enchainais par 7h de boulot derrière l’ordinateur.
Puis s’occuper de ma fille et de la maison le soir.
Je pratiquais du sport tous les jours dès que possible. Je me sentais fatigué. Mais comme d'habitude, on ne s'écoute pas et on reste focus.
Après les examens de ma femme, les tâches ont été partagées et les vacances sont arrivées. On va pouvoir passer à autre chose et réduire le rythme. C'est ce que j'avais imaginé.
Décès du corps : 11h15 !
En Janvier 2022 je réalise une séance de muscu chez moi. Une séance tranquille avec quelques répétitions légères. Au moment de monter cette barre sur un soulevé de terre, je me suis évanoui un
dixième de seconde.
Je me suis dit que c’était la fatigue accumulée et qu’il
fallait que je me repose. J’ai complètement arrêté le sport pendant 2 semaines.
Après ce repos, footing dans les vignes près de chez moi et
boum … deuxième évanouissement.
Je suis allé voir médecin et psychiatre et effectivement le
mot est lâché : Burnout.
Je n’ai pas vu cette fatigue extrême arrivée et mon corps
m’a rappelé à l’ordre.
Je suis ton burnout ! *bruit de Darth Vador
Imaginez une tornade. Vous volez dans ce tourbillon. Des objets tournent avec vous. Ils représentent le travail, le sport, les tâches quotidiennes et les responsabilités. Ces objets vous percutent à chaque tour.
Ça tourne de plus en
plus vite. On ne maitrise plus rien. Ces objets rentrent en collision avec vous de plus en plus souvent.
Ça accélère encore.
De temps en temps vous sortez de cette tornade. Sur des petits
ilots qui vous permettent de souffler. La famille, le sommeil, les vacances et les
bons moments. Mais ces moments ne suffisent plus. A peine le pied posé, vous repartez dans le tourbillon.
Cette période a duré 3 mois. Je n'ai pas vu la fatigue arrivée. Le corps a dit stop. Un ordinateur qui n'a plus de batterie.
Pour la première fois de ma vie, je vais être en arrêt de travail longue durée.
Durant cette période d’arrêt, je suis passé par plusieurs
phases :
1. Le repos
Dormir, dormir, dormir. Et manger. Et dormir encore. L’impression de gâcher sa journée et d’être un mollusque. Jouer aux jeux vidéo. Et ne parler à personne. Une chenille se mettant dans son cocon. Cette étape a duré 2 mois et s’est rapidement confondu avec une autre : le refus.
Le refus
Le fait de dormir, manger et végéter toute
la journée pendant 2 mois ont entrainé un manque de confiance en moi. On voit
les autres s’activer et continuer leur vie. J’en étais incapable. Du coup on s’en
veut. On se traite de faible.
On se force à reprendre une vie normale. Le corps ne veut décidément pas. Et on retombe.
L'excès de nourriture et d'inactivité a entrainé une
prise rapide de poids. Ce qui affecte encore plus mon estime de soi. Tous mes espoirs et objectifs personnels sont balayés.
En arrêt de travail les finances diminuent. C'est ma femme seule qui presque seule assure les besoins matériels de la famille.
Et comme si ça ne suffisait pas, je remets cette frustration sur ma femme. Elle veut m'aider. Je ne sais même pas comment m'aider moi-même. Incompréhension totale des deux côtés. Je m'en veux de ne pas pouvoir aider.
Je
refusais mon état.
Le médecin me prescrit des médicaments. Des antis dépresseurs. Après deux semaines, je ressens qu’ils m’empêchent de dormir. Je somatise. C'est psychologique. Je refuse de prendre ces médicaments. Je pense pouvoir m’en sortir sans aide médicamenteuse. Peut-être une erreur.
3. La remise en question
C'est un matin au mois de mars. Je suis dans mon lit. J'ai tellement dormi que je n'arrive plus à fermer l'œil. Je réfléchis.
J'ai l'impression que pendant un bref moment, je mets "pause" à ma spirale. Je prends enfin de la distance sur ma situation. J'ai abandonné la lutte. J'essaye de comprendre pourquoi je me retrouve dans cet état.
Je remets tout en question : ma reconversion,
mon comportement des derniers mois, ma vision du travail et de la réussite, mon
acceptation de l’échec.
Une illumination. Ça fait deux ans que je vis contre ma nature. Vouloir être un papa parfait. Vouloir être un mari parfait. Vouloir avoir un job parfait. Vouloir une vie parfaite.
Je ne serais jamais parfait.
Je peux devenir un développeur compétent. Mais dans quelques années. J'ai besoin d'être compétent dans un métier pour être heureux.
Alors quelles sont mes compétences ? Qu'est-ce que j'aime faire ? Qu'est-ce que je veux faire ?
Mon équilibre familial se résume à un travail de bureau. Je fais un 9h-17h et c'est le bonheur ? Je me trompais.
J'ai voulu jouer au papa parfait. Celui qui sacrifie son bonheur pour celui de sa famille. Je me trompais encore.
Ma psychologue a joué un rôle important dans cette réflexion. Les discussions avec ma femme et mon entourage aussi.
Enfin je ne tourne plus.
4. L’envie de repartir mais le corps refuse
Vient le temps de l’action.
Je repense mon projet professionnel pour septembre 2022. Je sais former et aider les gens. Que ça soit par le sport ou mes nouvelles compétences informatiques. C'est parti.
Nous nous expliquons avec ma femme sur ces derniers mois. Ca a été dur pour elle. Elle s'en voulait de m'avoir laissé me mettre dans cet état. Mais surtout elle ne savait pas comment m'aider. Et l'explication n'était pas possible dans cette période de troubles.
Je reprends une alimentation correcte et du sport. Le sport était devenu une obligation. Atteindre ses objectifs. Mais ce n'était plus un plaisir depuis quelques années. Seulement un truc obligé sur mon emploi du temps. Comme le travail ou les responsabilités familiales. C'était devenu pour moi des obligations.
Ces obligations vont se transformer en îlots à l'extérieur de ma tornade. Ca doit redevenir des choses positives.
Je reprends le sport de zéro. Pour le plaisir. Je rééduque mon corps au plaisir de l'effort.
Je vais dans ma salle de bain pour me peser
afin de voir l’ampleur des dégâts. 94kg. Soit une prise de poids de 16kg. Le
choc. Mais je souris. On reprend les bases. C'est une renaissance. Un nouveau moi.
Au bout d’un mois, je sens que je vais
mieux. Je dis à mon médecin et ma psy que je suis prêt à reprendre le travail. Je le pensais.
Le week-end, une dispute familiale éclate. Un tourbillon d'émotion éclate en moi. La semaine d'après, je dors toutes les journées.
La semaine suivante, je retombe dans les pommes au sport.
Le moindre grain de sable émotionnel ou physique consomme toute mon énergie.
J'ai l'impression que mon corps est chargé à 100%. Au moindre effort psychique ou physique, je tombe à 10%. Mon corps est un Iphone …
Je vais mieux mentalement. Mais pas physiquement.
Il faut accepter de se reposer et de reprendre doucement.
5. Acceptation et guérison
Le mois de juin est là. J’ai perdu 8kg en 1
mois. Le sport se passe de mieux en mieux. J’ai accepté le fait d’être en arrêt
de travail 5 mois après le début de celui-ci.
Mon patron et mes collègues ne me laissent pas tomber. Ils demandent des nouvelles, m'invitent aux resto et aux soirées. Je
pense qu’ils m’ont aidés à traverser cette épreuve.
Les idées reviennent. Les projets aussi. Je
ne veux pas me précipiter. Une marche après l’autre. Mon projet professionnel
commence à prendre forme et reste en harmonie avec ma vie de famille.
Le 1er juillet 2022, je suis de
retour à mon travail. J’ai perdu 10kg. Je suis sorti de ce burnout.
This is the end ! ♫
Les personnes en burnout ne passeront pas obligatoirement par ces étapes.
Chaque situation est différente. Vos expériences et vécus influenceront votre maladie. Un traitement médicamenteux est parfois nécessaire. La victoire n'en sera pas moins belle.
L'entourage a été très important pour moi. Ce sont eux qui m'ont maintenu à la surface.
J'espère que ce témoignage pourra vous aider.
J'espère qu'il pourra aider vos proches à comprendre cette maladie.
Une fois dans la spirale, il est difficile d'en sortir. On subit et ça ne s'arrête jamais..
Il ne faut pas oublier que tout le monde souffre dans cette situation.
Cette épreuve est derrière moi. Elle n'est pas négative. Au contraire. Comme chaque épreuve, la surmontée est difficile mais on en sort grandi et plus fort.
Prenez soin de vous.
1 Commentaires
J ai eu pas le même trajet mais suite a un accident de travail, le sport m'a aidé aussi a sortir de mon cocon . Pareil merci a la famille et les amis et la femme maintenant. Pour le soutiens. Bon courage a toi a bientôt sur les tapis
RépondreSupprimer